L'horizon semble bouché. Le nouveau capitalisme globalisé amplifie les inégalités sociales et les dérèglements écologiques. Ses dérives autoritaires ne semblent plus avoir comme opposants que des forces conservatrices ou réactionnaires. 

Face à la recrudescence des haines et des violences, l'idée même de démocratie paraît menacée. C'est pourquoi il est urgent de dessiner un autre paysage. C'est le choix fait ici, celui de scruter les combats qui surgissent sans cesse (mobilisations pour la climat, gilets jaunes, défense des libertés associatives, mouvements féministes ...) et les résistances (zones à défendre, circuits courts alternatifs, économie solidaire, entreprises reprises en autogestion...). Toutes sont de plus en plus présentes, même si elles sont trop souvent invisibles. 

Sans nier les ambivalences de ces initiatives, le livre que nous présentons entend dévoiler et renforcer leur dimension critique, tout en se démarquant de la propension purement négative qui a tant marqué la pensée européenne. Soulignant l'apport du croisement entre les analyses occidentales et celles venues d'ailleurs, il refuse de s'en tenir à la désolation face aux formes massives de dominations et d'aliénations contemporaines. Et, plutôt, que de s'arrêter au constat de l'effritement de la démocratie, il entreprend d'identifier la manière dont celle-ci se réinvente au contact de diverses émergences. Au sein de ces émergences, le verbe « émanciper » se conjugue au présent et les esquisses d'un monde commun plus vivable se construisent.